Hier Jean-Luc et Caroline sont arrivés par Saint-Jean-sur-Mayenne, alors c’est là que nous allons déposer le camping-car, tout près de la voie verte. Nous avons appris qu’il s’agissait d’un itinéraire baptisé la Vélo Francette, un nom charmant qui désigne un beau parcours de Ouistreham à La Rochelle.
Nous l’empruntons avec plaisir sur la portion du jour, jusqu’à Mayenne. Cette jolie voie suit la vallée de la Mayenne, grâce à l’ancien chemin de halage aménagé en piste cyclable. La nature verdoyante et les maisons éclusières fournissent un cadre agréable à notre étape.
Quelque chose cependant chagrine Caroline : hier soir, nous avons oublié de recharger la batterie de son tricycle… or celle-ci lui est indispensable pour soutenir l’effort de ses jambes ! Avec un peu d’appréhension, elle surveille son compteur et l’indicateur de charge.
Quand, à l’arrivée à Mayenne, la batterie s’éteint totalement ! Misère, il nous restait à peine 700m – dont une belle côte finale pour arriver au point de rdv ! Vaillamment, elle pédale sans électricité quelques dizaines de mètres. Nous tombons alors sur nos sauveurs : le café « Le Fluvial », à l’entrée de la ville, nous permet de recharger toutes les batteries : une prise électrique, une petite quiche et un café font le bonheur des cyclistes.
Cette halte est même immortalisée par les propriétaires du café, touchés par le Défi de Caroline !
C’est reparti : nous atteignons la place Georges Clemenceau qui nous est dévolue. Jean-Luc n’est pas encore là mais plusieurs salariés de la mairie sont déjà présents. Ni une, ni deux, Camille les embauche pour l’aider à monter le stand ! Les barrières de la place sont fixées aux pieds de la tente pour lutter contre le vent. Ma foi, c’est plutôt efficace.
Caroline échange avec le personnel de la ville, quand arrive le maire de Mayenne lui-même. Il a compris le dress code puisque c’est un cycliste chevronné qui se présente, avec casque et gilet jaune marqué « Maire de Mayenne » !
Sur le stand, peu de passants aujourd’hui car nous avons des « concurrents » : les membres de la Ligue de protection des oiseaux font du tractage et de la collecte de dons sur la même place que nous. Qu’importe, nous allons discuter avec eux et échangeons nos sujets de préoccupation : la biodiversité pour les uns, la société humaine pour les autres. Quelle joie de voir des gens s’engager pour des cuases importantes !
Ce week-end se passera en famille pour la petite équipe du Défi de Caroline. Déjà, Grégoire (frère de Caroline que nous avons vu plusieurs fois) arrive avec sa femme. Christine, que nous avons vue la veille, nous rejoint également, avec sa fille et sa petite-fille. Puis Louisette, l’épouse de Jean-Luc rallie également Mayenne. Sympathiques retrouvailles autour d’un goûter : la table du stand devient lieu de réunion pour le plus grand bonheur de tous !
Dans les rencontres marquantes du jour, une femme, qui discute très longuement avec Caroline et lui confie avoir voulu mourir, lorsqu’elle vivait de grandes souffrances. Cet échange très profond permet à Caroline de donner son propre témoignage, en détaillant les trois étapes par lesquelles elle est passée à l’annonce de sa maladie neurodégénérative :
- Le deuil de ce qu’elle ne pourrait plus faire ;
- L’acceptation de ce nouvel état de fait, auquel elle ne pouvait rien ;
- L’adaptation à cette nouvelle vie, différente mais tout aussi entière.
C’est Philippe Pozzo di Borgo (dont la vie a inspiré le film Intouchables) qui a un jour évoqué ces 3 étapes – toutes trois essentielles – concernant son propre cas. Passionné de parapente, c’est en pratiquant son sport qu’il a un jour fait une chute très grave. Devenu tétraplégique (paralysé des quatre membres), il a évidemment dû renoncer à beaucoup de choses – le parapente en première ligne.
Une belle leçon de vie qui a beaucoup touché Caroline ! C’est d’ailleurs à l’appel de Philippe Pozzo di Borgo qu’elle s’est lancé ce défi incroyable de pédaler pour les soins palliatifs.